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Les Affranchies

tendresses

Tant de choses

12 Mars 2017 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses, #Nouvelles et petites histoires

Photo: @clai.rence

Photo: @clai.rence

C'était un dimanche matin. Un peu de pluie avait arrosé les rues de la ville mais l'air était doux comme au printemps. A cette heure l'endroit n'était pas très agité, on entendait un air de jazz au fond du bar, quelque chose de lent et suave. Le serveur avait à peine prête attention à elle, se contentant d'apporter le thé noir qu'elle avait commandé et de laisser la note, coincée sous un cendrier.

Sur son Moleskine elle avait gribouillé deux trois choses que l'atmosphère lui inspirait, une perspective, comme un chemin vers l'horizon, une bouche pulpeuse qui souriait, une silhouette sans visage, à la tête ronde... Elle esquissa un sourire, passa une main derrière son oreille, caressant les cheveux encore ras, ébouriffa vainement le dessus, encore trop dru, trop court pour être décoiffé, caressa la nuque rasée... Tant de choses avaient changé.

Elle se mit à écrire, d'une belle écriture ronde et légère.

"Ce jour là, ma vie a changé..." sans s'arrêter, sa plume courrait sur le papier, la délivrant de son histoire. Elle racontait sans le nommer, comment "il" l'avait enfermée dans sa propre vie, comment sa "gueule d'amour" l'avait trompée, comment "il" l'avait manipulée, bafouée et toutes ces rivières de larmes qu'elle avait versées... Jusqu'à ce mot: Adieu!

Elle est partie, brûlant tout derrière elle, ne laissant aucune trace. Elle s'est installée loin, dans une nouvelle vie. Dans cet élan, pleine de courage, elle a coupé ses cheveux, pas juste un peu, pas pour se plaire, non. C'est comme si en se dépouillant de sa chevelure elle renaissait, nouvelle, plus forte, enfin vivante. Sa tête fraîchement tondue lui est apparue familière, comme lorsqu'on retrouve une amie adorée et perdue de vue depuis trop longtemps. Son coeur cognait fort, elle était exaltée, excitée par cette peur au fur et à mesure qu'on la rasait. Elle souriait, les yeux bordés de larmes tout en se sentant infiniment légère, libre de tout. Elle s'est plu.

Depuis elle garde ses cheveux très courts, caressant volontiers sa tête comme l'enfant se rassure en serrant son doudou et à chaque fois se régénère, retrouvant un peu de cette exaltation du premier jour de sa nouvelle vie.

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Ce terrible poison

2 Février 2017 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs, #Tendresses

Photo: source inconnue

Photo: source inconnue

La première fois c'était un défi. L'idée était là depuis longtemps, l'envie couvait tranquillement, jusqu'au jour fatidique où elle a senti que l'heure était venue. Ce jour là, le coeur battant plus fort que d'habitude, au fur et à mesure que l'on coupait ses cheveux, elle a découvert un monde nouveau, une personne nouvelle, des gens étranges autour d'elle et une nouvelle force l'a envahie. L'expérience a été terrible. Jamais avant ce jour elle n'a été aussi fière d'elle, pleine d'assurance, invincible...

Et puis le temps est passé, les cheveux ont repoussés, un peu, pas trop, suffisamment pour qu'elle se plaise toujours, mais chaque fois que la longueur revenait par dessus ses oreilles, masquait une partie d'elle même, elle ne le supportait plus.

Mais l'idée était toujours là... Comme un virus, définitivement installé dans sa tête, un poison subtil dont elle ne voulait pas guérir. Elle l'avait fait une fois, elle savait tout ce que cela impliquait, elle avait aimé, s'était découverte sans fard, belle... Alors pourquoi pas?

C'est venu ce matin là comme un retour aux sources. L'envie était trop pressente et le coeur battait, plus fort, comme la première fois, mais cette fois d'impatience, d'excitation et de plaisir. Une rechute. Elle a coupé ses cheveux, très courts, jusqu'à les tondre et c'était comme si elle se retrouvait après une longue absence...

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A quoi ça rime

10 Janvier 2017 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Photo: Shervin Lainez

Photo: Shervin Lainez

Des questions auxquelles tout le monde voudrait des réponses, des pourquoi et des comment, de l'enthousiasme et des regrets aussi... Elle s'avance, esquisse un sourire, passe une main sur sa nuque, comme pour dire "oui je sais, ne dites rien" et ce geste inspire une sorte de compassion, rappelle sa timidité.

C'est tout le paradoxe. Elle est secrète, discrète, préfèrerai sans doute passer inaperçue. Pourtant elle décolore ses cheveux jusqu'à les avoir presque blancs et les coupe si court qu'on les dirait rasées. Et soudain, tous les regards se posent sur elle, l'éclairent, comme l'artiste seule en scène, plongeant les autres dans l'obscurité. C'est le signal de sa part que tous attendaient, la voilà plus proche, plus accessible, alors tout le monde lance sa question. Auparavant bien sûr personne n'aurait osé demander pourquoi elle avait les cheveux si châtains, pourquoi elle les portait si longs... L'absence d'intérêt la rendait invisible semble-t-il.

Et puis voilà, la discrète, la secrète, celle que personne ne voyait, exulte. Pourtant elle ne souhaite pas se raconter davantage. Mais sa coupe de cheveux, au moins, ne trompe personne. La voici elle même, telle qu'elle s'est toujours vue et c'est comme si les autres ne la découvraient que maintenant, à travers la pâleur de sa nuque tondue, de ses oreilles nues, de sa blondeur extrême... Elle n'en dira pas plus, mais à présent, ses vêtements ont du sens, son allure, son caractère aussi. Ceux qui ne voyaient qu'une fille "comme les autres", perçoivent enfin une autre nature... Timide, mais conquérante!

 

 

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Sortilège

29 Décembre 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Sortilège

Elle est délicieuse cette sensation étrange de montrer son audace et d'apparaitre dans la lumière avec cette coupe que tout le monde autour de soi trouvait "osée". D'abord il y a eu la peur, ce trac qui vous noue un peu l'estomac dès qu'il s'agit de bouleverser son image... Le shampooing, la couleur, tout ça c'est plutôt réconfortant. Et puis revient ce petit noeud dans le ventre, mélange d'appréhension et d'excitation. Une respiration, un souffle et la tondeuse à même la peau efface les cheveux jusqu'à la tempe. Le regard s'élargit, surpris, curieux, la bouche sourit. Voilà c'est fait. Inutile d'envisager un retour en arrière, le pas est franchi...

La machine ronronne, glisse, caresse, donne de petits coups, ici, là, revient, repasse puis se tait.

Sortilège

Lorsque tout est achevé, alors qu'on s'attendait à la retrouver plus "masculine", c'est tout le contraire. Le contraste révèle toute la finesse de son visage, la délicatesse de ses traits. La voici qui apparait nouvelle. Les vêtements sont les mêmes, le visage est le même, la personne est la même, pourtant le regard pétille, curieux il cherche à travers le miroir ce qui diable a pu se transformer à l'intérieur... La fierté, la confiance, cette satisfaction d'être exactement celle qu'elle voulait être et qui subitement se voit.

Sortilège

Ensuite il y a ce geste auquel personne ne résiste. Le regard quitte le miroir, la tête se baisse et la main, doucement, vient se poser sur la nuque. Le contact fait naître un sourire, qui s'efface, puis les doigts, délicatement, caressent la peau hérissée de cheveux ras et les frissons qui parcourent les épaules font presque rougir...

Elle se reprend, s'admire un instant et sûre d'elle retrouve le monde... Invincible!

Coupe: Dexter Dapper

 

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Les affranchies

24 Décembre 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs, #Tendresses

Les affranchies

Je sais ce que disent les gens, je vois leurs regards, un peu fuyants. Bien sûr, de temps à autre, il y a un sourire, un clin d'oeil, mais le plus souvent tout cela respire la réprobation. Allez savoir pourquoi ils ne parviennent pas à s'empêcher de juger...

Peut être sont ils vexés de ne pas savoir nommer ces deux personnes qu'ils croisent, alors ils se vengent, font dans l'excès, dans le dégoût.. et tout est bon, les vêtements, la coupe de cheveux, l'attitude, chaque détail reçoit sa petite goutte de bile...

Mais voyez vous... je vais vous dire, ces filles à la nuque rasée et aux pantalons serrés ne voient pas le monde mesquin des gens étriqués qui voudraient les juger. Elles sont elles mêmes un monde, d'un genre différent, bien meilleur que le leur. C'est peut être ça qui fait grincer les dents des "bonnes gens", qu'elles soient inaccessibles à leur désir, qu'elles se soustraient à leur concupiscence, qu'elles s'affranchissent de leurs règles.

Leurs cheveux trop courts, leur poitrine si peu visible et leurs vêtements confortables les fait échapper à l'attraction des êtres simples qui dénient leur féminité et vomissent leurs amours surnaturelles et idéales.

Passez donc, bonnes gens, marmonnez, ruminez, vomissez...

"les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne... "

Photo : ©jeaneg

Citation : Les enfants qui s'aiment - J. Prévert

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On the rocks

12 Décembre 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Annie Lennox par Ian Harrison

Annie Lennox par Ian Harrison

Le temps qui passe l'agace un peu. Il lui faut plus d'attention pour retrouver à travers ses yeux clairs son âme triomphante de trentenaire alors que son corps voudrait la convaincre qu'elle en a le double... Mais elle se fait confiance, un trait de maquillage souligne son regard et un rouge pâle ses lèvres. Le reste, ce n'est que la trace de son parcours, chaque ride un moment de sa vie. On ne se plaint pas d'avoir vécu...

Et puis elle a toujours cet enthousiasme de femme aux cheveux courts, se pliant à une routine qui lui remonte immanquablement le moral... Un peu de couleur pour donner des reflets blonds à ses cheveux blancs, une coupe fraîche qui lui fait retrouver son sourire de jeune fille, comme la première fois où elle s'est découverte enfin elle même pour se plaire définitivement.

Elle terrasse le temps en caressant sa nuque, plus douce, en balayant de quelques doigts les mèches sur son front... La voici à nouveau invincible!

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La valeur de l'exemple

29 Novembre 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses, #Nouvelles et petites histoires

Suzanne Rivère

Suzanne Rivère

Alors voilà! C'est l'histoire d'une petite fille atteinte de leucémie. Elle va bien, son traitement est en train de la sauver, sans doute. Mais c'est dur pour elle qui a 11 ans, de voir sa tête dans le miroir. Ses cheveux commencent à peine a repousser et partout où elle porte son regard, nulle part elle ne voit d'exemple, d'image à laquelle s'accrocher pour se persuader que la maladie ne lui a pas enlevé aussi son état de fille... Jusqu'au jour où elle croise une jolie jeune femme, élégante, fraiche, souriante, sophistiquée et visiblement bien dans sa peau. Elle est blonde et ses cheveux sont tondus. Enfin, coupés très courts, tondus c'est un mot trop brutal pour elle. Et voilà que tout change dans le regard de la petite fille. Elle découvre une belle femme, belle malgré les cheveux ras, comme les siens, tellement belle qu'on la remercierait presque d'avoir les cheveux si courts, persuadé qu'elle le serait peut être moins sans cela. 

La petite fille s'approche, sourit. La jeune femme lui rend son sourire. Elle a un transport à prendre mais elle sent que ce moment là est important. Elle s'assoit, dit bonjour et la petite fille lui demande si elle aussi elle a été malade. Alors la jolie jeune femme dit que non, qu'elle aime bien avoir les cheveux très courts, qu'elle trouve que cela lui va bien et que l'essentiel pour elle est d'être comme elle se plait. Puis elle regarde la petite fille et elle la sent triste de ne pas avoir de beaux cheveux longs comme les autres fillettes. Alors elle lui dit qu'elle la trouve jolie et que puisqu'elle ne peut pas faire autrement, il faut qu'elle s'aime quand même parce qu'elle est unique ainsi et que tout les gens qui l'aiment l'aiment telle qu'elle est...

La petite fille fait une jolie moue, elle lâche: " Moi aussi j'aime bien, mais c'est juste que j'avais jamais vu personne comme toi et que je me disais que je ne pourrais pas rester ainsi une fois guérie"

Depuis cette rencontre, la petite fille a décidé qu'elle garderait les cheveux très courts, juste pour dire que ce n'est pas la maladie qui l'y a contrainte, mais parce qu'elle aime bien ça, comme la jolie jeune femme blonde.

Photo: Juste RM

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Ces femmes là

15 Novembre 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses, #Humeurs

Beli Klein

Beli Klein

Sans doute que, comme à d'autres, on leur a dit que cela n'était pas dans l'ordre des choses, que cela ne se faisait pas, ce n'était pas bien, pas correct, pas prévu... C'est justement là leur différence, leur superbe singularité.

En réalité ce n'est pas si compliqué. La plupart se sont contentées de suivre leur instinct, de ne pas se mentir. L'amour et la bienveillance autour d'elle à pu les aider à ne pas se tromper. Pour d'autre il a fallu batailler, lutter contre les conventions, les idées, les préjugés, des gens obscures, dogmatiques et sûr d'eux. C'est vrai aussi, toutes ont a y faire face.

Finalement c'est sûrement cela qui les rend formidables à mes yeux, cette apparente aisance à nager contre le courant, cette certitude d'être sur le bon chemin, cet entêtement à ne pas croire ce que personne ne cherche contredire...

Leur force est de ne rien voler aux autres pour n'être qu'elles mêmes, de se placer au dessus et loin des mesquins qui se rabougrissent dans leurs pensées étriquées, de penser en humain plutôt qu'en femme, sans rien perdre des mystères et des privilèges de la féminité.

Ces femmes là n'attendent rien de moi ni des autres hommes, sinon qu'on les aiment telles qu'elles sont. Elles n'ont pas besoin "d'appâts", elles aiment qui leur plait et chevauchent le vent.  

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Y a rien à faire

13 Novembre 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs, #Tendresses

Y a rien à faire

Difficile de comprendre cette envie, ce désir. Il ne peut pas y avoir de statistiques, rien ne peut être catégorisé. Pas moyen d'invoquer une quelconque excuse, de se dire " Ah ben oui, elle a toujours été plutôt garçon manqué... " parce que ce n'est pas la vérité...

C'est un peu une idée qui serait là depuis toujours, une sorte de fantasme auquel certaines ne veulent pas résister.

Un jour, dans l'intimité d'une salle de bain, ou le confort d'un salon de coiffure, avec un(e) ami(e), un(e) professionnel(le) ou bien seule, en tête à tête avec son envie folle d'être vraiment elle (il n'y a pas de règles vous dis-je), les lames fines aux petites dents acérées d'une tondeuse viennent dévorer cette chevelure dont elle ne veut plus. Et ce jour là, à cet instant là, elle a peur, elle a chaud, elle a froid, elle est excitée, troublée... avant de sourire, d'une façon dont elle ne se savait pas capable. Et ses yeux s'écarquillent, ses joues rosissent, ses mains, irrésistiblement viennent caresser cette nouvelle tête. Le sentiment se décrit difficilement, fierté, liberté, audace, folie, authenticité, vérité...

La matière est nouvelle. Il reste peut être un bon centimètre de cette chevelure d'avant et les cheveux qui étaient souples, fluides, lourds sont à présent plantés droit comme une brosse soyeuse, pas un ne dépasse, drus comme un pelage de vison. Les mains ont beau fourrager en tous sens, rien n'y fait. Elle frôle la nuque, la trouve terriblement nue, caresse les tempes, contourne les oreilles... La paume de la main sur le front glisse et rebrousse doucement ce crâne nouveau. Et toujours ce sourire, presque béat.

Enfin il faut reprendre pied avec le monde, retrouver la rue, la famille, les ami(e)s. Ça peut être effrayant, mais elle est tellement fière d'elle, sûre de son image... les regards torves, les remarques acides, le désespoir ou l'enthousiasme qu'on lui témoigne importe peu... Celle "d'avant" n'était pas totalement elle. Voilà qui est réparé.

Photo: Coline

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Invitation

6 Novembre 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Photo: Viktor Rubis

Photo: Viktor Rubis

C'est un pouvoir que l'on découvre avec le temps. Parfois on hésite longtemps avant d'oser le sortilège, parce qu'il se cache derrière ce que l'on croit un sacrifice.

C'est certainement ce premier pas, audace où inconscience, qui fait de cette femme, une autre, à la féminité exacerbée, au charme envoutant. Courageuse, impatiente, fébrile, elle confie son désir à l'autre qui va, sans peur, trancher dans un pan de vie entier, déchirer le cocon et envoyer au tapis cette chevelure que l'adolescence à chérie.

Le cou nu, enfin, personne ne la voit plus comme avant. Ses mains ne cessent d'explorer ce nouveau territoire, riche et généreux, qu'avec le temps elle va cultiver comme un jardin, taillant, tondant, rasant, excitée toujours un peu plus par ses propres sensations, accueillant volontiers aussi les mains et les baisers, les caresses, des doigts et des regards.

Le voilà ce pouvoir formidable, capable d'exalter la féminité alors que certaines imaginent lui donner un coup fatal en coupant leurs mèches d'enfant

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