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Les Affranchies

Confinement

23 Mars 2020 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Portrait, #Quartier Libre

Confinement

C'est comme un écho à l'article précédent, une suite attendue...

Un jour de plus, confiné à la maison. Violaine et Louis tournent un peu en rond. Violaine s'agace de l'absence de coiffeur, des cheveux qui poussent dans sa nuque. Râler ça fait du bien. Louis a une idée: " Profitons en pour nous raser la tête..." La petite phrase, presque anodine, est comme un détonateur. Ben oui après tout... Depuis le temps que ça trotte dans la tête cette idée. C'est l'occasion ou jamais, de toute façon on est là, coincés à la maison, sans risque d'être confronté immédiatement au regard des autres...

ConfinementConfinement

Alors c'est parti! Salle de bain, tondeuse. Le sabot préservera au moins 20mm, pas question non plus d'être "rasée". L'expérience est excitante, à la fois terrible et ludique. Elle a tellement lu de ces témoignages de celles qui ont osé. Est-ce qu'elle aussi ressentira toutes ces sensations? Après avoir tondu son compagnon, c'est à elle d'y passer. Violaine est une femme aux cheveux courts, depuis longtemps. Elle connait ce besoin d'avoir toujours la nuque bien nette, ce regain de confiance que confère chaque passage chez sa coiffeuse, une perle qui n'a pas peur de couper ses cheveux très courts, juste comme elle aime.

 Mais là c'est différent, c'est presque brutal. Plus personne n'est habitué à tant de radicalité. Pour la première fois, le sabot glisse à même le crâne et dégage le front. C'est là toute la différence. Auparavant il y avait toujours ces grandes mèches un peu ondulées qui pouvaient masquer le visage. Cette fois plus de masque, plus de paravant... C'est troublant.

Voilà, c'est fait... C'est tout? Rien de plus? ​​​​​​​Violaine n'est pas sure. Elle a du mal à se reconnaitre.​​​​​​​ Finalement ce n'est que ça. Elle se trouve ... plus âgée ou alors une allure de petit garçon... Tout n'est que paradoxe. 

ConfinementConfinement

Pourtant en y regardant bien, ce visage harmonieux, ces yeux clairs et ce front large... On retrouve à la fois Mia Farrow et Jean Seberg dans toute leur éclatante féminité, l'une fragile, diabolique et tourmentée l'autre guerrière archangélique. 

Ce qui est bien avec le confinement, c'est que l'image de cette transformation est totalement maitrisée. Pas de regard importun, pas d'avis indésirable, elle peut diffuser sa nouvelle tête judicieusement. Les parents? Bof, le résultat n'est pas enthousiasmant. Normal, question de génération sans doute. Les ami.e.s? Déjà plus encourageant. La coiffeuse? Alors là oui! Mais l'essentiel bien sûr est ailleurs. L'essentiel est de se retrouver, se reconnaître,  s'accepter et pour cela elle voit dans le regard de Louis tout ce qui lui faut pour la rassurer.

Et on se dit que tout compte fait, c'est bien le confinement qui nous permet de faire ce genre d'expérience, tranquille, sans le parasitage autour, en choisissant à qui on diffuse la nouvelle et en ayant tout le temps nécessaire pour s'apprivoiser soi même... Juste avant de s'enhardir davantage.

Photos: Violaine P.

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Le vie sans coiffeur

18 Mars 2020 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

Photo: Fany Meil

Photo: Fany Meil

La vie est ainsi faite, qu'un événement extraordinaire parvient à bouleverser même les choses auxquelles on avait pas pensé. Ce genre de choses qui semblaient immuables, intangibles, qui paraissaient couler de source... Ainsi la pandémie qui ravage le monde oblige à prendre des mesures pour limiter les contacts entre humains au strict nécessaire. Or il apparait que le coiffeur ne fait pas partie de ces gens dont on a besoin pour vivre et d'un seul coup d'un seul, voilà les salons qui ferment, tous, sans exception. 

Alors au début on ne fait pas trop gaffe, mais très rapidement on réalise que la coupe mensuelle va passer à l'as, que très bientôt la tête qu'on a va devenir insupportable à chaque coup d'œil dans le miroir et que jamais, jamais on a envisagé ce cas où on ne puisse plus se faire couper les cheveux.

Et puis la résistance s'organise. Certaines, privilégiées, partagent leur vie avec celui ou celle qui leur coupe les cheveux habituellement et pour celles là, se concrétise ce sentiment de privilège justement, cette chance est mesurée subitement et le plaisir qu'elles en retirent est nouveau. En parlant de plaisir, d'autres découvrent ou pratiquent celui de couper les cheveux des autres. Celles qui hésitaient à confier à leur ami.e la tâche essentielle de s'occuper de leur coupe de cheveux, vu les circonstances, se laissent aller sous la tondeuse amateure. Le huis-clos du confinement auquel chacune est contrainte fait tomber la crainte de se confronter aux regards des autres...

Enfin il y a celles qui le faisaient déjà un peu, ou qui pensaient le faire un jour et qui de fait se retrouvent au pied du mur. Cette fois c'est une nécessité. La tondeuse est là qui attend, il faut y aller!

Photo: Fany Meil

Les plus déterminées, ou les moins expertes se disent que c'est l'occasion de cette tonte radicale à laquelle elles pensent depuis longtemps. Les autres mettent du soin à tenter de reproduire la coupe habituelle qui leur va et qui leur donne l'assurance d'être irrésistible. On joue avec les sabots de tailles différentes, on essaie avec le peigne, on y va petit à petit en jouant avec les miroirs, on retrouve sa couleur naturelle une fois taillées les extrémités encore colorées. Quelque fois on s'enhardi à tenter un peu plus court, effacer davantage les pattes, raser plus haut la nuque... Un rien d'adresse, un peu de talent et après bien des efforts le résultat les gonfle d'orgueil et de satisfaction...

Assurément il y aura un avant et un après la crise. La très grande majorité aura patienté, à coup de barrettes et de chouchous, de foulards et de bonnets et retrouvera avec bonheur les mains expertes de leurs coiffeuses/eurs. Mais d'autres auront découvert le moyen de s'en passer, ou le plaisir de les remplacer, de temps en temps...

Photo: Fany Meil

 

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