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Laora renonce
Je ne fus pas très longtemps dans l'expectative. Une semaine plus tard la transalpine revint d'un de ses fréquents rendez vous chez le coiffeur avec une coupe, très sexy et très courte. Le moment fut délicieux où elle me laissa inspecter cette nouvelle coiffure, les oreilles bien dégagées, la nuque savamment dégradée, la brillance et le soyeux de ses cheveux tellement entretenus. L'odeur aussi était merveilleuse, se mélant à son parfum raffiné.
Moi " - Tu es très jolie mon cabri. J'étais sûr que tu les recouperais." Certitude acquise dans les minutes précédentes il faut bien l'avouer...
Laora " - Hummm cherido mio, jé né pas pou résister. Tou sais des fois c'est comme oune poulsion. Dépouis qué mé démons sont réveillés par les counneries dé Frida, et toi aussi diavolo, c'est comme oune essitation terrible qui mé prend.
Moi - Mais c'est bien non? C'est vraiment toi ainsi, non?
Laora - Si, ma ... J'ai toujours envie dé piou corte. Un jour tou mé coupe les cheveux, toi, avé la machina...
Moi - M'enfin, chevreau... "
J'étais confronté une nouvelle fois à mes propres démons. Mais bizarrement, la perspective de tondre la piémontaise ne m'excitait pas du tout. Même si cela avait pu être un fantasme de jeunesse, la réalisation d'un tel acte me laissait de marbre, voir même pouvait me répulser tellement j'abhorrais les cheveux mal coupés. Cependant, dans un cadre intime et ayant en tête la suite que pourrait avoir cette séance, j'étais prêt de me laisser convaincre...
Model: Lorena Nosic
Bloggeuse
En lançant ce blog, il y a un an et demi, j'ai découvert le monde étrange et merveilleux qu'on appelle la blogosphère. De tout et en grande quantité, des états d'âmes, des infos, des analyses politiques, des humeurs revendicatives et de la mode. Rapidement je me suis aperçu que ces blogs de mode prenaient parfois des allures d'éditoriaux de magazines, et que les gens qui faisaient ça arrivaient presque à en vivre, propulsés aux quatre coins du monde de la mode, Paris, Milan, New York...
Naïvement, je me suis dit que je pouvais leur écrire, leur demander leurs photos et aussi me faire connaitre... Non mais oh! Ca va pas non. Ces gens là ils ont pas que ça à faire. La semaine de la mode par ci, la semaine de la mode par là, des photos et des marques qui paient les billets d'avion... Voudriez pas qu'en plus ils répondent aux emails?. Bref! Après un vent ou deux, je me suis contenté de rester béat devant des articles suivis de 210 commentaires, admettant une fois pour toute que nous ne jouions pas dans la même cour.
Et puis récemment, parcourant le web comme je le fais souvent, je tombe sur une jolie photo, je cherche la source, je suis le lien et je tombe sur le blog Karlascloset. Là comme souvent, c'est la bloggeuse qui est mise en scène par elle même et je découvre au fil des pages que Karla a 22 ans ( donc 19 quand elle a créé son blog ) qu'elle est étudiante, ne porte que des fringues de marques illustres, fait une dizaine d'articles par mois depuis 2 ans et collectionne tout de même à chaque fois plusieurs centaines de commentaires. Mais la différence c'est que cette bloggeuse de mode a une très sexy coupe de cheveux. Alors en cherchant le commentaire fait à la période où cette coupe est intervenue, je découvre qu'elle aussi, comme beaucoup, déclare qu'elle se sent définitivement libre comme jamais et plus féminine qu'elle ne l'a été auparavant. Alors du coup moi, je me suis fendu d'un nouvel email... Dont j'attends toujours la réponse.....
Photo: Karla Deras
PS: Je dois mettre un bémol à cette critique des blogs mode, en citant Fred et son blog Easy Fashion, qui lui, semble l'inverse de tout ce que je viens d'écrire. De belles photos, des commentaires intelligents et pas du tout la grosse tête. Sympa!
Dans son rêve
Depuis 3 jours elle ne mange plus, elle ne dort plus, elle ne travaille plus, elle ne pense plus...Sauf à Elle. Elle n'imaginait pas que cela soit possible, et même si elle avait déjà entendu des histoires pareilles, elle ne pensait sûrement pas que cela puisse lui arriver, à elle. Pourtant elle en est là, à rester des heures devant cette fenêtre, à guetter avec l'espoir de la revoir et l'angoisse qu'elle apparaisse soudain. Elle a chaud, elle a froid, elle ne sait plus vraiment. Parfois ses mains tremblent. Alors elle respire plus lentement, essaie de se concentrer sur un objet...Mais rapidement c'est son sourire qui lui revient en tête, ses dents carnassières, sa peau mat, ses cheveux. Il lui vient des envies folles, comme tatouer son nom sur elle. Sait-elle seulement comme elle l'aime? Elle est si différente, elle parait si libre. Fière et sans peur. Elle, elle en a connu des filles, bien sûr. Mais jamais elle n'a osé se montrer. Les parents, les amis les collègues. Tout ça c'est trop pour elle. Alors elle n'en parle pas, fait croire qu'elle est trop occupée pour s'intéresser aux garçons. Et là, depuis qu'elle l'a rencontrée, elle se sent une audace toute neuve, une envie terrible de le montrer au monde entier, d'être enfin elle même, de vivre avec elle, de couper ses cheveux comme elle, d'être enfin visible...
Photo: Jan Scholz
Paravent
En penchant la tête, ses cheveux sont entrés dans la lumière. Comme un rideau de soie ils ont glissés vers son visage, masquant son profil, mais délivrant l'image raffinée d'une matière parfaitement ciselée, couvrant délicatement l'oreille, dégageant son cou d'albâtre. Puis, l'instant d'après, elle a relevé la tête et sa coiffure s'est harmonieusement replacée. Elle a eu malgré tout un mouvement léger pour chasser la mèche qui couvrait son oeil. Le soleil réchauffait les tons boisés, chatain, presque acajou. Concentrée, elle n'avait pas remarqué l'homme qui l'observait. Lui même était fasciné par cette courte chevelure et il aurait préférer rester dans l'ombre un instant encore. Elle le vit et l'accueillit avec un sourire nacré. Il pencha la tête à son tour et lui offrir son plus beau sourire. D'un geste habituel elle passa une main aux doigts écartés à travers ses cheveux, les repoussant en arrière et comme une matière vivante, les mèches souples coulèrent naturellement pour se remettre en place.
"- Alors? Comment tu trouves?
- Hummm, comment dire... J'adore!"
Photo: Marianne Breslauer
