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Les Affranchies

Compañera

10 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Nouvelles et petites histoires, #Maria

yosoylete.jpg

Parmi les armes parachutées il y avait un fusil à lunette. Un bon vieux M24 US, une carabine Remington 700 que je connaissais bien, avec son optique Leupold. J'avais bien une idée derrière la tête, mais il fallait laisser Roberto, le chef, décider lui même de l'affectation des armes nouvelles. Je me contentais donc d'énumérer les qualités requises pour un tireur de précision, pour ne pas laisser Roberto sur cette idée fausse que le gabarit du tireur doit correspondre au poid de l'arme. Patience, détermination, intelligence, initiative, sang froid et persévérence. Toutes les qualités d'un chef devaient animer un bon tireur de précision et déjà je voyais qu'il pensait à la même personne que moi. Il fit mine de réfléchir un instant puis lâcha :" Maria!"

Maria avait le regard pétillant d'un enfant devant les jouets sous le sapin de Noël. Mais très vite elle reprit une attitude plus martiale et avec des gestes précis elle empoigna le fusil, le soupesa, vérifia la culasse et l'épaula. Ses mèches brunes qui recouvraient la crosse contrastaient soudain avec sa nuque rasée. Elle se tourna vers moi, relevant le menton, toujours dans cette attitude de défi, et lança fièrement: " Vamos gringo, montre moi, apprend moi". 

C'est ce jour là je crois que l'histoire a vraiment commencée...

Photo: Pol Bassal

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Petit plaisir

8 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

de-dos.jpg

Je ne sais pas comment me l'expliquer à moi même, alors ne comptez pas sur moi pour vous donner mes raisons, mais c'est un indicible bonheur que j'éprouve, au point de me mettre de bonne humeur pour la journée entière, lorsque mon regard croise une jolie nuque, savament dégradée, presque à l'extrême, alors que le reste de la chevelure est taillée plus en longueur, quel que soit le style. A ce spectacle je n'ai qu'une envie, c'est de faire un compliment et d'engager la conversation pour m'assurer que la personne qui "ose" a bien le caractère qui colle à ce que j'imagine. Et souvent je ne suis pas déçu. 

Parce que, paradoxalement, les cheveux courts, ça demande beaucoup d'entretien, surtout lorsqu'ils sont très courts. Mais ça, tout le monde le sait. 

Et puis il y a un danger à se couper les cheveux très courts. Parce que des fois on y prend goût, et on ne peut plus s'en passer, voir même, on a l'envie de les couper encore plus courts... Et pour éprouver ça, il faut du caractère. C'est peut être ça aussi qui fait mon bonheur...

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Sac de noeuds

7 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Ma Psy et Moi

Tilda.jpgAvec cette histoire de "petit ami" je m'étais embarqué dans une galère de première classe. Évidemment il aurait suffit de tout de suite faire marche arrière et avouer avec un large sourire désarmant que tout ça n'était que des bêtises. Mais voilà, la nature humaine a une fâcheuse tendance à fréquenter les marécages et à aimer s'y enliser et je ne déroge pas à la règle. 

Le mensonge, c'est le mal. Surtout que là, personne ne m'avait vraiment obligé à sortir mon ânerie et que je me l'étais bien ficelée tout seul...

Je filais voir Frida à son cabinet. Je savais qu'elle n'était pas dupe et elle seule pouvait m'aider à défaire cette pelote empoisonnée. Ipomée, la secrétaire portugaise, tenta bien de faire barrage, mais je réussi à l'amadouer en lui faisant un compliment sur le parfum de son nouvel après rasage... La place libre, je m'engouffrais dans le cabinet feutré.

Moi "- Dok, il faut que je te dise un truc...

Ma Psy - Che zais ze ke du fas me tire. Téprouilles doi!

Moi - Allons Frida, Frid, Fridounette, mon lapin tyrolien, ma loutre du Bodensee, tu ne peux pas me laisser tomber. Bon, j'ai fait une connerie, c'est vrai. Mais j'ai bien vu que tu ne te laissais pas prendre à mon bobard. Je ne me doutais pas que l'italienne aller marcher à fond...

Ma Psy - A vond! Du feux rire non? Elle goure! Elle n'adent k'une joze z'est te de foire afec don noufel bedit ami, mein klein bété.

Moi - Ah non je t'en supplie, ne sois pas sarcastique. Je t'en pris aide moi à rétablir la vérité, mais sans trop décevoir Laora. Si je lui dis aujourd'hui que tout ça n'est pas vrai elle ne me croira même pas.

Ma Psy - Barvaitement. Mais che ne fois bas te zoluzion... A bart...

Moi - Oui dis moi, vas y dis...

Ma Psy - ... A bart... Chouer le cheu à vond, de droufer un mignon kobain, vaire groire à l'idalienne ke z'est don ami. Beut edre que zela la rentra chalouze?

Moi - Non mais Frida, tu te fous de moi? Je-ne-suis-pas-pédé!! Je ne vais pas aller roucouler devant la milanaise avec un giron juste pour la rendre jalouse.

Ma Psy - Mais non! Rabitement ta relazion afec le cheune homme z'arrêde, barce qu'il d'a blagué, et doi, dout blein te jakrin, du fiens de vaire konzoler tans les pras te Laora...

Moi - Ah oui... Vu comme ça... 

 

Model: Tilda Swinton

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Vacances

6 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

chiara biaza

Voilà, elle y est! Elle a fait un long voyage, se retrouve presque seule au monde dans ce paradis. Elle a décidé d'être enfin elle même. C'est peut être l'éloignement qui lui donne de l'audace. Ici personne ne la connait et elle se moque pas mal de l'opinion des gens. D'ailleurs les gens d'ici sourient tout le temps et ne jugent pas. Elle abandonne ses habits comme ses complexes et ses préjugés. Le soleil va dorer sa peau et la mer va délaver ses cheveux. Elle a envie de s'aimer, d'aimer ses hanches un peu rondes et ses seins lourds. La veille elle a fait couper ses cheveux. Depuis le temps qu'elle y pensait. Ici pas besoin d'un coiffeur parisien. La boutique au village était parfaite. "Boycut". Le petit coiffeur a comprit tout de suite et il a sourit, tout le monde sourit ici...

Depuis, elle s'aime chaque minute davantage. Elle se sent tellement libre, presque nue, les orteils dans le sable et le regard perdu entre le turquoise et l'azur

 

Photo: Chiara Balza

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Alleluhia!

5 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

FS6-copie-2.jpg

Y a des jours où je me dis que mon combat est vain et ces jours là je me sens dans la peau d'un Sisyphe du XXI eme siècle qui en guise de rocher roulerait son obséssion jour après jour dans l'indifférence la plus totale. Et puis...

Et puis il y a d'autres jours où une simple rencontre fait mon miel, me revigore et m'enthousiasme comme un débutant. 

Aujourd'hui par exemple. J'avais rendez vous pour déjeuner avec une amie que je n'avais pas vu depuis longtemps... Très belle jeune femme, sportive, que j'avais connue avec les cheveux coupés au carré, puis retrouvée plus tard avec les cheveux un peu plus courts. Et là... Elle arrive, rayonnante, avec une coupe ultra courte, à peine un centimétre ou deux sur le sommet, les oreilles et la nuque parfaitement dégagés... Une certaine vision de mon paradis à moi.

Bien sûr je n'ai pas manqué de la complimenter sur cette nouvelle coupe, mais ce n'est que vers la fin du repas que le sujet capillaire est revenu. J'ai bu ses paroles quand, le regard pétillant, elle m'a raconté combien elle se sentait plus féminine depuis qu'elle était sortie samedi dernier du salon de coiffure. Cette redécouverte d'elle même, ce plaisir pratique aussi, en sortant de la douche, de pouvoir d'une friction de serviette sècher ses cheveux, leur donner un peu d'allure avec les doigts et partir vers d'autres aventures. Le bonheur de voir autant de réactions positives face à cette nouvelle apparence, et ce sentiment de plénitude, d'assurance d'être enfin soi même.  Inutile de préciser que le caractère est en parfaite adéquation avec la coupe de cheveux. 

Elle ne s'attendait sans doute pas à découvrir en moi cet amoureux fou des femmes aux cheveux courts. Je me suis fait lyrique pour vanter les qualités que je leur trouvais et nous sommes accordés à condamner les préjugés et les idées reçues. Que du bonheur!

Merci mille fois Emilie.

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So what?

5 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

taschka-turnquist.jpg

J'en connais, autour de moi, qui s'émeuvent pour un oui, pour un non. Qui ont le regard attiré par une chevelure cascadant sur les épaules ou fouettant le dos. Et puis, une fois le gyroscope calé sur la personne, passent à d'autre détails physiques, attributs pour eux d'une féminité incontestable.

Evidemment pour ceux/celles là, un type comme moi c'est un extra-terrestre. Avoir le regard attiré par l'absence de tout ce qui leur fait tourner la tête, c'est bien sûr un concept difficilement accessible à leur cortex.

Aimer une allure androgyne, des hanches un peu étroites et tout le reste en taille minimale, c'est réellement faire preuve d'un goût pour le moins étrange. Aimer les cheveux courts qui laissent paraître de jolies oreilles, une nuque bien faite et mettent en valeur un visage c'est quasiment contre nature.

J'y peux rien. C'est une question de caractère. J'aime voir une main ébouriffer une courte tignasse. Ce que cela me dit sur le tempérament de la personne m'inspire plus de confiance que de voir des cheveux pousser le long d'un dos comme une vigne vierge.

Photo: Taschka Turnquist

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Tout p'tit...

4 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

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Je n'avais jamais ôté mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fait le beau
Quand ell' me sonne
J'étais chien méchant, ell' me fait manger
Dans sa menotte
J'avais des dents d'loup, je les ai changées
Pour des quenottes

Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui fait Maman quand on la touche

J'était dur à cuire, ell' m'a converti
La fine mouche
Et je suis tombé tout chaud, tout rôti
Contre sa bouche
Qui a des dents de lait quand elle sourit
Quand elle chante
Et des dents de loup quand elle est furie
Qu'elle est méchante

Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui fait Maman quand on la touche

Je subis sa loi, je file tout doux
Sous son empire
Bien qu'ell' soit jalouse au-delà de tout
Et même pire
Un' jolie pervenche qui m'avait paru
Plus jolie qu'elle
Un' jolie pervenche un jour en mourut
A coup d'ombrelle

Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui fait Maman quand on la touche

Tous les somnambules, tous les mages m'ont
Dit sans malice
Qu'en ses bras en croix, je subirais mon
Dernier supplice
Il en est de pir's il en est d'meilleures
Mais à tout prendre
Qu'on se pende ici, qu'on se pende ailleurs
Il faut se pendre

Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout p'tit devant un' poupée
Qui fait Maman quand on la touche

 

Paroles: G. Brassens

Photo: Mickael Afonso

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Maria

3 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Nouvelles et petites histoires, #Maria

irwin-romainjules-arthur.jpg

Le parachutage terminé, la petite colonne se remit en marche après avoir chargé les mules. La tension ne retombait pas pour autant. Les deux passages du C130 avaient peut être attiré l'attention de la junte et il fallait disparaître au plus vite vers notre sanctuaire. Avec discipline chacun remplissait son rôle parfaitement. Maria, qui m'avait guidé jusqu'au camp le premier jour, marchait devant, en éclaireur. Cette fille était affutée et j'aimais le professionnalisme avec lequel elle évoluait. Elle avait conquit son rôle, abandonnant les autres femmes du groupe aux tâches subalternes et plus traditionnelles. Elle portait une arme et son charisme faisait l'admiration de ses compagnons.

La veille, alors que je l'observais depuis mon carbet, Miguel m'avait averti:" N'y penses même pas gringo. Maria elle ne vit que pour la cause. C'est comme une Jeanne d'Arc pour nous..."

L'image était plutôt bien choisie. Ce jour là justement elle faisait couper ses cheveux. La mèche qui barrait son visage avait disparu sous les coups de ciseaux et la femme qui la coiffait semblait s'acharner à raser sa nuque avec une tondeuse mécanique. La coupe terminée, elle écarta de ses épaules le poncho qui les protégeait et s'ébroua comme un animal, passant la main ensuite sur sa nuque elle remercia sa coiffeuse et ramassa son arme. Loin de toute séduction elle parvenait quand même à me fasciner.

"Tu vois gringo, Jeanne d'Arc. Elle est belle hein?"

Photo: irwin romain jules arthur

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.... Toujours tu chériras la mer

1 Juillet 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

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Le soleil se couchait sur la baie. C'était le dernier bain de la journée. Les corps harassés ondulaient non loin du bord. Il plongea à son tour et refit surface presque imperceptiblement, à quelques métres, gardant juste son regard hors de l'onde. Avec cette lumière du soir, sa blondeur tranchait sur le hâle de sa peau. Il l'avait toujours connue avec ses cheveux courts. Parfois plus foncés, parfois un peu plus longs. Là ils étaient bien courts et très blonds. L'été est propice à cela. Comme elle ne prétait pas attention à lui, il l'observait, égrainant chaque détails avec une soudaine tendresse, comme réalisant sa fortune. L'eau ruisselait sur la peau mat s'accrochant plus qu'ailleurs au fin duvet qui courrait sur sa nuque... L'image fit naître du désir et une drôle d'émotion lui vint, mélange d'amour, de fierté, de jalousie mais aussi de peur et de vulnérabilité... Rien ne lui vint sauf un voeu qui implorait que tout cela dure encore. D'un geste machinal elle empoigna ses cheveux sur la nuque et les serra dans son poing pour les essorer, puis elle lui fit face, éclairant son visage d'un sourire magnifique. 

Bêtement un vers de Baudelaire lui traversa la mémoire, sans qu'il fut capable d'en dire plus... Mais il était tellement fier.

 

" Homme libre, toujours tu chériras la mer" - L'Homme et la Mer- Ch. Baudelaire ( 1821-1867 )

Photo: Miguel Angel

 

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